Un compost magique pour les paysans

Bénin

2017
ONG locale ou nationale
Bénin

Dangbo dans la Vallée de l'Ouémé

Période de réalisation de l'initiative

du 09/2014 au 11/2016

Description de l'initiative

« Les producteurs d'engrais ont infiltré les principaux processus politiques portant sur l'agriculture et le climat », avec comme objectif de « faire des engrais chimiques une solution au changement climatique et (d') affaiblir le soutien en faveur d'une agriculture non chimique ». Or, la fabrication des engrais, essentiellement à base de gaz naturel, utilise « beaucoup d'énergie et les fabricants ont de plus en plus recours aux gaz de schiste », a expliqué à l'Afp Devlin Kuyek, l'un des auteurs d’un rapport.
En outre, les engrais azotés émettent des gaz à effets de serre : « Quand on met de l'azote dans un champ, seulement la moitié est absorbée. Le reste coule dans l'eau et est transformé en oxyde nitreux », un gaz à effet de serre « 300 fois plus puissants que le CO2 », selon Devlin Kuyek de l’ONG Afp. Les engrais « pourraient être responsables de près de 10 % des émissions mondiales de GES ». Aussi est-il urgent de trouver des solutions alternatives à travers des innovations vertes.
En Afrique de l’Ouest, le changement climatique a provoqué une diminution annuelle de près de 40 à 60% du flux des grandes rivières ; cela a provoqué la propagation de la jacinthe d’eau.
Au Bénin, dans la base vallée de l’Ouémé, la deuxième la plus riche après celle du Nil, mais malheureusement non valorisée jusqu’à ce jour, la présence de la jacinthe à la surface des fleuves et lacs provoque une très forte eutrophisation saisonnière du fleuve et une anoxie fatale aux ressources halieutiques dont dépendent plus d’une centaine d’espèces et une grande partie de l’économie de la région. Si la jacinthe absorbe les nitrates excédentaires de l’eau, elle s’oppose par contre à la désinfection naturelle de l’eau par les UV dans un lac déjà très impacté par les déchets.
La jacinthe est une des macrophytes envahissantes les plus répandues dans le monde, surtout dans les pays tropicaux. Par conséquent, elle pourrait avoir une influence néfaste sur la santé des végétaux, la santé humaine, le tourisme et la qualité de l’eau. D’ailleurs, la jacinthe pompe les nitrates excédentaires de l’eau et s’oppose par contre à sa désinfection naturelle dans une situation déjà très impactée par les déchets générés par la communauté. Or l'emploi des herbicides n’est pas conseillé pour la conservation de la biodiversité. Face à ce constat, l’ONG JEVEV, a considéré ce problème comme une opportunité pour valoriser la jacinthe d’eau à travers le compostage en aérobiose et l’associer par la suite au tourteau de neem et en particulier les graines de neem pour réduire fortement l’usage des pesticides chimiques.
L’ONG JEVEV a développé le ramassage de la jacinthe d’eau par les riverains en mettant en place une filière économique de valorisation durable des jacinthes à travers le compostage en aérobiose. Les communautés agricoles locales sont très intéressées ; elles transforment ainsi un problème en opportunité. De plus, la transformation des jacinthes en aérobiose évite l’émission de gaz à effet de serre et une valorisation financière de ces réductions d’émissions est envisageable sur le marché volontaire. L’activité de transformation de la jacinthe d’eau en compost est une innovation à double finalité : elle participe à la préservation de l’environnement tout en réduisant l’effet de dégradation de la couche d’ozone provoquée par les intrants chimiques agricoles (engrais chimiques et pesticides chimiques) et permet d’améliorer la productivité des surfaces agricoles utilisées pour le maraîchage.
Le compost proposé est un astucieux mélange de déchets verts, de plantes sauvages jugées nuisibles et d’insecticides naturels, il est donc pluriactif.
Des pépinières ont été mises en place à base de ce joyau pour produire des plants de tecks, d’acacia, de neem et de mangroves.
Ce projet s’inspire de techniques agricoles ancestrales, qui étaient délaissées au profit de l'utilisation d'engrais et de pesticides chimiques.

Principaux résultats obtenus

- 3550 agriculteurs des villages de la basse vallée de Bonou, Dangbo, Adjohoun et communes environnantes (dont 2050 maraichers) utilisent le compost au lieu d’intrants chimiques ;
- diminution des émissions de gaz à effet de serre dues à l’emploi d’engrais et de pesticides chimiques ;
- reconstitution du couvert végétal et de la faune aquatique grâce au reboisement.