Lutte contre la dégradation des terres

Sénégal

2021
ONG locale ou nationale
Sénégal

Thiès

Période de réalisation de l'initiative

du 01/2017 au 12/2022

Description de l'initiative

Pendant l’hivernage, le ruissellement des eaux de pluie à l’origine du ravinement des terres, conjugué à l’érosion éolienne, constitue une menace réelle pour l’écosystème. Les changements climatiques sont un facteur aggravant, ce qui place les populations dans des situations de plus en plus difficiles. Le village de Kissane a subi une dégradation de ses écosystèmes du fait de facteurs naturels ainsi que de l’action de l'homme. Les défis à relever sont nombreux : protection du village contre les inondations, lutte contre la dégradation des terres, retenue des eaux de pluie pour favoriser leur infiltration, et récupération des terres dégradées.
L’objectif global de l’initiative est de contribuer à l’insertion des communautés villageoises et leurs partenaires institutionnels dans une dynamique d’adaptation et de résilience face aux changements climatiques et de transmission d’informations sur l’évolution du climat. Il se décline en deux objectifs spécifiques : former sur les questions des changements climatiques et favoriser l’adoption de mesures d’adaptation et de résilience.
Les bénéficiaires sont les populations rurales du plateau de Thiès, plus précisément les villages riverains du bassin versant de Kissane.
La stratégie d’intervention est basée sur l’approche « à la demande » : une communauté villageoise sollicite un appui auprès de l’ONG. La méthodologie mise en œuvre pour répondre à la demande comporte plusieurs étapes.
Etape 1 : Diagnostic participatif du terroir. Une équipe de l’ONG se rend sur le terrain pour établir un état des lieux et procéder, avec les populations, au diagnostic participatif de la zone concernée par la problématique, puis caractériser les zones qui doivent faire l’objet d’aménagements antiérosifs.
Etape 2 : Élaboration de schémas d’aménagement. Des groupes de discussion permettent d’identifier les zones à aménager, de déterminer les types d’ouvrages à réaliser en fonction de la configuration du terrain et des voies de passage des eaux de pluie, et ainsi déterminer les ouvrages antiérosifs à réaliser.
Etape 3 : Sensibilisation et conscientisation. Il s’agit de sensibiliser et de conscientiser sur les enjeux environnementaux pour les terroirs villageois et de choisir les mesures à prendre.
Etape 4 : Formation. Il s’agit que les populations disposent d’un niveau de maîtrise technique appréciable pour le maniement du niveau à bulle d’air afin de déterminer des courbes de niveau, les techniques de traçage, la réalisation des différents ouvrages antiérosifs.
Etape 5 : Réalisation d’ouvrages antiérosifs : cordons pierreux, tranchées à ciel ouvert, fosses de rétention des eaux, puits de régulation des eaux, seuils en pierres sèches et en terre battue, digues filtrantes et semi filtrantes, micro barrages, fascines (assemblage de branchages) mortes et vivantes, croissants lunaires…
Au total, 4 024 personnes dont 1556 hommes, 1655 femmes et 813 jeunes ont été touchés par le projet.
Un volet du projet concerne le renforcement des capacités : acquisition de pratiques pour l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. Les populations acquièrent des techniques d’aménagements mécaniques et biologiques de gestion des ressources naturelles. De plus, les communautés sont responsabilisées dans plusieurs domaines :
- protection des terres agricoles par des aménagements mécaniques
- restauration progressive de la biodiversité par le reboisement, avec des effets ultérieurs dans la structuration du sol et la séquestration de carbone
- réduction de la pression sur les espèces forestières d'origine ligneuse par un système d’économie d’énergie grâce à l’utilisation des fourneaux « jambaar » et « ban ak suuf »
- intensification de la production grâce à l’agroécologie.

Principaux résultats obtenus

Les effets sur l’environnement qui contribuent à l’adaptation aux changements climatiques sont les suivants :
- atténuation des inondations du village (sécurité des biens et des personnes)
- reprise de la régénération naturelle de plusieurs espèces ligneuses au niveau de la zone mise en défens
- réapparition de la biodiversité végétale et animale
- sur les versants, la sédimentation a favorisé la récupération de 10 500 ha de terres jadis incultes avec le comblement des ravins
- recharge de la nappe phréatique avec un relèvement important des lames d’eau au niveau des puits
- mise en défens d’une aire protégée de 25 ha, qui constitue un véritable « poumon vert » pour le village et les zones environnantes
- reboisement avec plusieurs espèces agroforestières, ce qui permet la séquestration du carbone et atténue les effets de la sécheresse
- réduction de la pression humaine et animale sur le patrimoine forestier.
La prise de conscience collective de l’état de dégradation des ressources naturelles locales consécutive au diagnostic du terroir a poussé les populations à développer des initiatives collectives et adaptées. Cela a permis d’améliorer la gestion des ressources en eau, des écosystèmes, de lutter contre la dégradation des sols et la baisse de la productivité agricole.