Description de l'initiative
Les semences sont à l’origine de toute production agricole. Les performances observées lors d’une production dépendent non seulement des performances des « matériaux » de reproduction (semences), mais aussi des conditions dans lesquelles la production a été réalisée. Ainsi, l’exploitation des sols et l’utilisation d’engrais minéraux ou chimiques sans apport de matière organique conduisent à la dégradation des sols et donc, à terme, à une baisse de rendement.
Il en est de même pour la production des semences, qui contribue à l’atteinte de la sécurité alimentaire. Dans le processus de production de semences paysannes, différents facteurs sont pris en compte pour améliorer la fertilité des sols avec de l’engrais organique (compost amélioré) fabriqué par incorporation de plantes ou essences forestières fertilisantes ou légumineuses (comme Albizia chevalieri, Samanea saman, Cajanus caja, Leucaena). L’utilisation de ces légumineuses, qui sont des variétés à croissance rapide, très riches en azote et facilement assimilables par le sol, peut représenter une solution durable en réponse au dérèglement climatique. Il faut alors s’orienter vers une production biologique respectueuse de l’environnement, qui prenne en compte une augmentation du rendement par l’amélioration organique de la fertilité des sols. Les semences paysannes sont produites, conservées et distribuées, tout en améliorant la fertilité du sol de façon organique. Les semences des cultures (couramment pratiquées ou en voie de disparition) et celles des essences fertilisantes sont données, échangées ou vendues lors de rencontres entre acteurs agroécologiques. Le choix est fait de produire des semences paysannes car celles-ci offrent une capacité reproductive sur plusieurs années. On évite ainsi une dépendance perpétuelle vis-à-vis des grandes firmes semencières, qui produisent principalement des hybrides. Or, la reproduction de semences à partir de ces hybrides est quasiment impossible. Aussi, depuis plus cinq ans, près de 60% des semences paysannes des cultures locales sont produites sur le site de CFAPE-TOGO ; le reste est produit par les autres acteurs agroécologiques de la zone, qui ont été formés. Quant aux semences des plantes fertilisantes, toutes leurs gammes sont exclusivement produites localement et données ou vendues à tout agriculteur. Pour faire perdurer les bonnes pratiques, les apprenants en fin de formation bénéficient d’un kit d’échantillons de semences paysannes pour démarrer leurs cultures. Cela permet d’introduire les semences paysannes dans leur milieu et de provoquer ainsi un effet multiplicateur.
L’amélioration de la fertilité organique des sols favorise l’utilisation des mêmes parcelles pendant deux ans après apport de 2,5 tonnes par hectare de compost amélioré lors de la production des semences.
CFAPE-TOGO est membre de l’URGENCY, un réseau international des acteurs de l’agroécologie. Le centre a accueilli sur son site, en mars 2017, un atelier sous-régional qui a regroupé des participants de sept pays d’Afrique de l’ouest, atelier au cours duquel il y a eu de nombreux échanges et dons de semences entre participants.
Principaux résultats obtenus
- 20 variétés de semences paysannes locales ou exotiques sont produites, conservées et distribuées.
- 90 producteurs sont formés aux techniques de production, de conservation et de distribution de semences paysannes.
- Plus de 150 apprenants ont bénéficié de kits d’échantillons de semences
- Une cinquantaine d’apprenants formés au centre commercialisent leurs semences sur un marché biologique à des personnes qui souhaitent disposer de semences venant directement des paysans pour leur potager.
- Plus de 10 000 plantes fertilisantes sont produites chaque année.
- Chacun des 5 producteurs formés au centre produit plus de 100 000 jeunes plants par an.