Production de biochar pour l’amendement des sols

Côte d'Ivoire

2018
de 20 000 à 100 000 habitants / between 20,000 and 100,000
Côte d'Ivoire

Danané, Région du Tonkpi

Période de réalisation de l'initiative

du 01/06/2017 au 10/08/2018

Description de l'initiative

Pendant longtemps, Danané a été la vitrine de l’ouest de la Côte d’Ivoire. C’était une belle petite ville, caractérisée par ses ponts de liane, des rues bitumées, bien entretenues, une mosquée, de petits quartiers chics et des rues propres. Mais Danané n’est devenue que l’ombre d’elle-même. La ville est descendue de son piédestal pour devenir la ville la plus sale de l’ouest du pays, la plus indisciplinée, la plus désordonnée, la plus anarchique, la plus insalubre de toute, dans l’indifférence totale de ses habitants, de ceux qui ont en charge sa gestion, par les autorités, toutes les autorités.
Les rues jonchées de détritus puant à mille lieues, les caniveaux sont tous remplis d’ordures, d’eaux usagées boueuses, nauséeuses et stagnantes. Le rejet des déchets dans l’environnement dans cette partie du pays a contribué à détériorer le milieu naturel. Ce changement a des impacts sur la société, la santé humaine, l’économie, les espèces vivantes, la production alimentaire, le tourisme et l’écologie. Les déchets, qui ne sont pas collectés de manière satisfaisante, se retrouvent dans la nature et constituent une pollution visuelle et olfactive. Lorsqu’ils se décomposent, leurs composants (particules de plastique, certaines molécules, etc.) sont libérés et polluent l’environnement. Ils persistent dans la nature, pendant des périodes plus ou moins longues.
La nouvelle équipe municipale a souhaité construire une commune verte. Elle a pris un ensemble d’initiatives, traduites par la formule « Changeons Danané ».
Il s’est agi de lancer un projet de valorisation des déchets ménagers de la ville et d’assurer une élimination écologiquement rationnelle des déchets ultimes. Cette initiative a comme objectif de structurer et de moderniser la chaîne de collecte et de gestion des déchets de façon écologique.
Une étude a été conduite. Elle a fait ressortir l’intérêt d’utiliser le biochar pour la production céréalière et légumineuse à Danané. Le biochar a constitué une alternative écologique pour la gestion des déchets de la ville.
Ce projet est un bon exemple d’économie circulaire : réduction des déchets de la ville (assainissement de l’environnement) d’une part, amendement des sols d’autre part. Il faut noter la baisse de la fertilité des terres agricoles de la zone, qui sont depuis des années amendées avec des engrais chimiques.
Le projet a ciblé l’ensemble des producteurs paysans à travers leurs fédérations et coopératives. Les déchets collectés grâce à un système participatif, sont pré-triés par les ménages. Ils sont ensuite envoyés vers un site de traitement où se fait la carbonisation par pyrolyse pour produire le biochar. Le projet a été conduit par des producteurs et des coopératives pilotes sur des sites de démonstration.
Le biochar est un charbon organique microporeux, qui résulte de la thermo dégradation de la biomasse en l'absence d'oxygène (pyrolyse) et qui est utilisé comme amendement des sols. C’est un charbon différent du charbon de bois (obtenu par carbonisation) à usage énergétique.
La pyrolyse comporte un double avantage : jouer un rôle dans la réduction des émissions de dioxyde dues à l’activité humaine en transformant des déchets en une matière commercialisable et agir positivement sur la fertilité des sols et les rendements. Tout cela permet aussi de stimuler l’économie locale.

Principaux résultats obtenus

La production de biochar a permis de réduire de plus de 90% les décharges sauvages de la ville. Les sites de démonstration de l'utilisation du biochar, créés dans le cadre d’un programme de recherche participative, ont permis de démontrer que le biochar optimise la croissance des plantes et le rendement des productions agricoles.
La valorisation des déchets en fertilisants pour les agriculteurs a permis la restauration de sols dégradés, d’améliorer la sécurité alimentaire des populations, d’accroître la fertilité des sols et leur durabilité, de diminuer les effets négatifs du changement climatique, y compris dans les zones désertiques.
Le coût de traitement des déchets a diminué. Les déchets constituent dorénavant une ressource.