Promotion de la saliculture sans feu

Guinée

2016
ONG locale ou nationale
Guinée

Districts de Poukhoun et de Sobanet

Période de réalisation de l'initiative

du 12/2012 au 12/2015

Description de l'initiative

Le diagnostic de l’état de dégradation des ressources naturelles en zone de mangrove, révèle une accélération alarmante du taux annuel de défrichement des massifs forestiers en raison des activités rizicoles et salicoles. Pour compenser les aléas d’une production vivrière qui n’assure pas des revenus stables aux familles, les exploitants se consacrent de plus en plus à la saliculture lors de la saison sèche. Cette activité complémentaire entraîne une surexploitation du bois : ce combustible est nécessaire pour extraire le sel des saumures obtenues du filtrage des terres salées. Aux besoins des riverains de la mangrove, s’ajoutent ceux des familles étrangères à la région, en quête de revenus. Ces familles, qui ne disposent plus des ressources nécessaires en bois sur leurs lieux de vie, viennent faire leur saison salicole sur les sites où l’on peut trouver du bois. Pour obtenir un kilogramme de sel, il faut 3,14 kg de bois de feu.
Cette situation conduit à une dégradation accélérée de l’environnement, qui nécessite la mise en place de règles de gestion durable, basées sur une meilleure connaissance de la situation actuelle et une large concertation des acteurs impliqués. Située dans la région de la basse Guinée, le Rio Pongo (site Ramsar) est une excellente zone de production du sel, de riz et de bois de chauffe. Cependant, ces activités entraînent la destruction, chaque année, de plus de 4% de la superficie des mangroves. Le bois des mangroves est utilisé par la population comme combustible. De ce fait, il constitue à la fois une source d’énergie domestique et une source de revenus pour la population en général, et pour les femmes en particulier.
Soucieux de la fragilité de cet écosystème, le Réseau Guinéen des Zones Humides (REGUIZOH) a initié des actions qui visent à garantir une gestion rationnelle des ressources naturelles du littoral guinéen et à encourager une participation active des femmes dans la promotion et la vulgarisation du «sel solaire».
L’objectif de ce projet est de contribuer à l’amélioration de la production du sel solaire et à promouvoir une gestion rationnelle des écosystèmes par les populations autochtones, en particulier les femmes qui dépendent des mangroves pour leur survie.
Cette approche consiste à :
- minimiser les besoins en ressources ligneuses de la mangrove pour la production du sel
- augmenter le rendement de la production de sel
- alléger les travaux d’extraction
- favoriser les échanges entre les différents groupements impliqués dans la filière
- intégrer les activités de gestion des ressources naturelles dans les priorités des riverains
- mettre en place une stratégie de diffusion de la démarche pour d’autres sites du littoral
Des essais de cristallisation ont été réalisés avec 100 litres de saumure, dans des bassins de 10 m² : 15 à 20 kg de sel peuvent être récoltés par cristallisoir, soit une productivité de 1,5 à 2 kg/m². Cela dépasse largement la production moyenne effectuée avec un processus traditionnel. Il faut pour cela disposer de bâches plastiques et de certains matériaux (terre, sable, argile), qui sont collectés par les groupements féminins. Les étapes de la production du sel solaire sont les suivants :
- aménagement d’un espace pour y installer les bâches
- pose provisoire de la bâche pour en tracer le périmètre
- construction du rebord
- pose de la bâche et vérification du niveau avec l’eau
- première alimentation de la bâche en saumure
- cristallisation
- récolte et le stockage.

Principaux résultats obtenus

- constitution de trois groupements de femmes reconnus officiellement pour la production du sel solaire
- acquisition de nouveaux savoir-faire
- production de 135 tonnes de sel solaire, qui a permis d’éviter le défrichement d’environ 170 ha de forêt de mangrove et une séquestration de carbone.
- économie importante de temps (70%), qui permet aux exploitants de se consacrer à d’autres activités économiques.