La COP30 s’est achevée à Belém le samedi 22 novembre 2025. L’accord signé par les 194 pays présents appelle à un triplement des financements dédiés aux mesures d’adaptation climatique dans les Etats les plus vulnérables d’ici 2035. Cependant, jusqu’à ce jour, 70% des fonds dédiés aux pays pauvres pour l’atténuation ou l’adaptation sont en réalité des prêts. Et les taux consentis sont de 15 à 25%. Cela a comme conséquence d’accroitre la dette de pays qui sont déjà très endettés.
Par ailleurs, aucun engagement n’a été obtenu à propos de la sortie progressive des énergies fossiles ; rien non plus sur l’arrêt de la déforestation. Ces deux questions devraient être traitées lors de négociations en juin 2026, ce qui faciliterait (peut-être !) les négociations lors de la COP31, laquelle doit finalement se tenir en Turquie (et non en Australie, comme prévu initialement).
Les grands pays émergents, dont l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Russie, ont œuvré pour que la sortie des énergies fossiles ne figure pas dans l’accord final. L’Union européenne, quant à elle, a réclamé des avancées sur cette question ; mais reconnaissons que cela lui était facile, contrairement aux pays grands producteurs d’hydrocarbures. En revanche, cette même U.E. a refusé d’accroître sensiblement sa contribution pour le financement.
Sur les thèmes des énergies fossiles et de la transition énergétique, le président de la COP30, André Corrêa do Lago, a proposé la mise en place d’initiatives volontaires (hors du cadre des Nations unies) pour l’élaboration de feuilles de route.
Restent de nombreux problèmes qui n’ont pas trouvé de solutions : le financement de l’adaptation à grande échelle, la définition d’indicateurs qui permettent d’évaluer les progrès réalisés et la question des moyens pour limiter le réchauffement à 1,5°C sans renoncer définitivement aux énergies fossiles. Chaque pays s’est bloqué sur ses intérêts à très court terme, comme si tous les pays du monde n’étaient pas tous embarqués sur le même bateau des bouleversements climatiques.
Toutefois, il faut reconnaître un point d’avancée remarquable, qui figure dans la déclaration finale, c’est celui de la nécessité d’une « transition juste ». Ce point émane d’une demande appuyée d’ONG, de syndicats et de populations vulnérables ; il s’agit de la reconnaissance de droits aux populations autochtones, aux femmes et aux travailleurs. Ainsi, de nombreuses ONG considèrent que le plus grand succès de la COP30 consiste en cette mention de « transition juste » dans le texte final. Par exemple, la Fédération Internationale pour les Droits Humains (ONG internationale de défense des droits humains, qui regroupe 192 organisations de défense des droits humains dans 117 pays) considère que la COP30 a réalisé une « avancée décisive en matière de droits humains et transition juste » par l’adoption du Mécanisme d’action dans le programme de travail sur la transition juste puisqu’il s’agit de procéder à une transition qui protège les droits humains et l’environnement. Il s’agit d’un progrès en faveur d’une plus grande justice sociale ; Joaquín Nieto, vice-président de la FIDH appuie : « Le texte sur la transition juste est une première victoire pour les droits humains et la planète. Une transition qui ne place pas les droits à son cœur ne fera que reproduire le statu quo au lieu de donner aux communautés les moyens d’avancer vers un avenir sans énergies fossiles. Les gouvernements doivent désormais prendre les dernières mesures nécessaires pour officialiser le Mécanisme d’ici la prochaine COP, et veiller à ce que ce processus soit guidé par les voix et les solutions formulées par la société civile, les travailleurs, les communautés de première ligne et les Peuples Autochtones ».
En effet, le texte de la COP30 reconnaît le droit au travail, à la santé, à l’éducation, à la sécurité sociale pour tous, dans tous les pays, et notamment pour les plus vulnérables.
Ce mécanisme pour une « transition juste », qui avait été vivement demandé par les ONG et par les syndicats, devra amener à une réflexion sur les évolutions à engager dans le système économique et social pour assurer un financement équitable de la transition et permettre que des travailleurs ne soient pas les laissés-pour-compte.
OXFAM considère que « le mécanisme d’action proposé à Belém constitue un signal positif : il place les droits des travailleurs et la justice sociale au cœur de la sortie des énergies fossiles. Mais sans financement des pays riches, la transition énergétique juste risque de rester bloquée dans de nombreux pays ».
Reconnaissons au moins cette avancée permise par la COP30.
PS : la COP32 devrait se tenir en Ethiopie, en 2027.

