Description de l'initiative
Au Bénin, les changements climatiques se manifestent par beaucoup d’irrégularités dans les saisons. Cette situation explique l’urgence des mesures d’adaptation pour plus de 60 % de la population du pays qui vivent en milieu rural, dont 54% sont des actifs agricoles. La production rizicole dépend fortement des pluies ; les besoins sont de 200 mm de pluie par mois pour le riz de bas-fond et de 100 mm par mois pour le riz du plateau. Aussi s’est-il avéré nécessaire de promouvoir des pratiques agroécologiques qui permettent de réduire la vulnérabilité des producteurs au climat et leur dépendance vis-à-vis des intrants chimiques de synthèse.
Ce projet, orienté vers la recherche-action et la production de biofertilisants et biopesticides au profit des riziculteurs, ambitionne de diffuser des pratiques innovantes en milieu paysan. AAGAC a été sollicitée pour conduire des activités de recherche-action, développer les bio-intrants et conduire les expérimentations agricoles.
L’objectif général est de contribuer à l’adaptation des pratiques rizicoles au réchauffement climatique et de limiter l’impact de la production rizicole sur l’environnement.
De façon spécifique, l’initiative vise à promouvoir l’appropriation de techniques rizicoles reconnues, à impact environnemental réduit, mener une recherche-action pour tester et produire des fertilisants organiques et pesticides naturels pour les riziculteurs et capitaliser, valoriser et diffuser les résultats obtenus vers d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Il s’agit d’accompagner 700 riziculteurs dans ce processus de transition en les sensibilisant aux pratiques agricoles durables. Les techniques adoptées comprennent le SRI (système de riziculture Intensive, une technique qui permet l’économie de semences et d’eau), l’enrobage de l’urée à l’huile de neem et l’adoption massive des fertilisants organiques développés par AAGAC. Cette phase de l’initiative se déroule dans 7 communes du sud et du centre Bénin.
Des conseillers agricoles ont été formés pour apporter aux bénéficiaires l’accompagnement nécessaire. AAGAC a recruté un spécialiste des innovations agroécologiques pour coordonner les activités. Ce spécialiste est accompagné d’un chargé des opérations pour le suivi des parcelles expérimentales et les productions de biofertilisants. Chaque conseiller organise les producteurs en classes paysannes pour des modules de formation. Des champs-écoles et des visites d’échanges contribuent au partage de connaissances et aux co-constructions. AAGAC développe des formulations de biofertilisants. Une unité de production, ‘’la maison des vers de terre’’, et des sites d’expérimentation ont été installés. Des interactions sont priorisées avec différents acteurs de la recherche agricole. Les fertilisants sont analysés dans le laboratoire de l’Institut béninois des recherches agricoles ; le but est de disposer d’une indication précise sur leurs compositions avant application aux cultures. Les recommandations des acteurs permettent d’améliorer les propositions.
L’initiative consiste à accompagner les producteurs rizicoles dans les transitions agroécologiques par l’adoption de pratiques résilientes aux effets du réchauffement climatique. AAGAC a développé les biofertilisants et biopesticides nécessaires pour les riziculteurs et a sensibilisés ceux-ci à la pratique d’une riziculture durable. Le Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin a accompagné les formations, notamment en proposant des techniques comme l’enrobage de l’urée à l’huile de neem, technique qui permet de réduire les quantités d’urée mobilisées par les riziculteurs dans les rizières. Chaque riziculteur ciblé applique au moins un des biofertilisants développés sur une partie de son exploitation rizicole ; cela lui permet de faire ses propres comparaisons afin de faciliter les adoptions.
A l’avenir, il est envisagé de diffuser les technologies utilisées ou développées par AAGAC auprès des riziculteurs des autres pays de la CEDEAO et de former des jeunes et des femmes pour la réplication des dispositifs de production de bio-intrants dans les autres pays.
Principaux résultats obtenus
L’unité a produit 13.790 tonnes de lombricompost, 6317 litres de thé de lombricompost et 1278 litres d’autres produits liquides.
Les riziculteurs bénéficiaires ont amélioré leur compréhension du réchauffement climatique et ont contribué à la valorisation des savoirs endogènes. 745 producteurs ont été soutenus. L’emploi des biofertilisants contribue à la protection de l’environnement et à la santé des producteurs et des consommateurs.
Plusieurs techniques durables diffusées chez les riziculteurs ont permis d’améliorer leur résilience au réchauffement climatique. La technique du SRI permet de réduire de 80 à 90% les besoins en semences, réduit les besoins en eau d’irrigation, ce qui constitue une meilleure adaptation aux irrégularités pluviométriques.
En termes d’atténuation, la pratique du SRI évite la stagnation de l’eau dans les rizières et réduit les émissions de méthane dans les rizières. Les biofertilisants mobilisés sont assez mûrs et empêchent l’engorgement des rizières, source de réduction des émissions de méthane. La technique d’enrobage de l’urée à l’huile de neem constitue une technique qui réduit l’utilisation de fertilisants chimiques de synthèse.
La production de bio-intrants constitue un secteur nouveau qui constitue des opportunités d’emploi pour plusieurs jeunes. Au cours de cette initiative, une dizaine d’emplois directs sont créés et plusieurs autres dizaines d’emplois se créeront au cours de la diffusion des techniques. Les agriculteurs pourront eux-mêmes se positionner comme producteurs et fournisseurs d’intrants organiques.