Aquaponie, une contribution à la lutte contre les changements climatiques

Bénin

2021
Femmes (en individuel ou en groupe)
Bénin

Parakou

Période de réalisation de l'initiative

du 10/2019 au 01/2025

Description de l'initiative

Le département de l’Alibori représente le plus grand bassin cotonnier du Bénin. Il regorge de retenues d’eau, dont se servent les pisciculteurs et les maraichers pour produire légumes et poissons. Cependant, des problèmes de contamination se posent en raison de l’utilisation abusive des intrants agricoles dans la zone. Les retenues sont contaminées après drainage des eaux de pluie, ce qui contribue à la destruction de l’écosystème aquatique. Certains maraichers utilisent parfois l’eau de ces retenues pour irriguer leurs cultures ou emploient des intrants chimiques pour traiter les légumes ; ces pratiques sont toxiques pour la santé humaine. De plus, en période de sécheresse, il arrive que les cours d’eau et retenues tarissent ; aussi, les pisciculteurs et les maraichers ne peuvent satisfaire la demande des consommateurs. Enfin, les pisciculteurs qui disposent de bassins, retenues et étangs déversent leurs eaux de vidange dans la nature, ce qui représente non seulement un gaspillage mais pollue aussi l’environnement. Face à cette situation, l’aquaponie s’avère être une des solutions pour atténuer les différents problèmes que causent ces pratiques et limiter leurs effets sur l’environnement.
L’initiative vise à utiliser le système d’aquaponie comme méthode d’adaptation et de lutte contre les changements climatiques, pour les particuliers, les pisciculteurs et les maraichers. Les objectifs opérationnels sont de divers ordres : contribuer à l’innovation dans la production agro-piscicole durable, former les producteurs au fonctionnement du système, sensibiliser sur les dangers liés à l’utilisation des pesticides.
L’aquaponie est un système qui associe l’élevage de poissons et la culture de plantes. L’eau d’élevage, chargée en ammoniac, est envoyée vers les lits de cultures, où l’ammoniac est transformé en nitrites, puis en nitrates, par des bactéries. Ces nitrates sont assimilés par les plantes pour produire de la biomasse végétale et l’eau filtrée par les plantes retourne dans le réservoir à poissons et le cycle recommence. Le système découplé fonctionne sur le même principe, sauf que les infrastructures sont plus grandes, et seulement 10% de l’eau chargée en nitrates est utilisée pour nourrir les plantes ; le reste retourne dans les bassins. Les plantes ne filtrent pas toute l’eau, donc le système n’est pas en circuit fermé. Le dispositif couplé convient plutôt pour les particuliers et le système découplé pour les productions à grande échelle. L’emploi des matériaux locaux est privilégié pour la construction des systèmes, en particulier ceux destinés aux particuliers.
Au total 10 systèmes couplés ont été installés et sont fonctionnels dans quatre sites de production. Tout d’abord, en 2019, dans une ferme agricole qui permet au gestionnaire de générer des revenus grâce à la vente de toutes sortes de légumes et également du poisson. D’autres installations ont été faites à la demande d’une Fondation et de l’université. Quant au système découplé, il a été installé à l’université ; il fonctionne très bien avec des résultats déjà satisfaisants.
L’aquaponie bénéficie à des particuliers, des agro-apiculteurs à des institutions qui sont concernées par la lutte contre les changements climatiques. Des études ont démontrées que le système est 25 fois plus rentable que la pisciculture conventionnelle.
La première activité a consisté à construire des prototypes et à les tester. Ensuite il s’est agi de faire des installations auprès des bénéficiaires et d’assurer un suivi de l’emploi qui y en est fait. Pour cela, il a été nécessaire d’identifier des pisciculteurs et des maraichers. Ensuite, il a fallu choisir les plantes les plus demandées par les consommateurs, tout en veillant à privilégier des légumes à cycle court. Il s’agit maintenant de réaliser de nouvelles installations, à la demande de professionnels et de particuliers.

Principaux résultats obtenus

Au vu des expérimentations conduites et des premières installations réalisées, le système aquaponique, semble intéressant à plusieurs égards :
- protection de l’environnement grâce à une production agro-piscicole biologique (sans utilisation de pesticides et d’intrants chimiques, produits frais et sains)
- adaptation aux effets des changements climatiques (sécheresse), diminution de la pollution des sols et des eaux
- réduction des émissions de gaz à effet de serre par la fixation de l’azote biologique contenu dans les déchets de poisson
- durabilité grâce à la gestion intégrée des ressources en eau (utilisation rationnelle de l’eau)
- réduction des problèmes d’accès au foncier agricole (utilisation de moins d’espace pour produire en quantité et qualité)
- création d’emplois à travers un double revenu pour le producteur qui peut vendre poissons et légumes à la fois, un moyen d’entrepreneuriat vert pour les jeunes.