Description de l'initiative
Face à la dégradation constante du couvert végétal, combiné au faible pouvoir d’achat des ménages et à la pénurie du gaz dans les villes du nord Cameroun, l’association propose une solution alternative à faible coût pour les ménages les plus démunis. L’initiative « biochar pour tous ! » lancée par Géotech voit le jour dans ce contexte.
L’objectif global visé par Géotech à travers cette initiative est de vulgariser et mettre à la disposition du public des localités de Guider et de Garoua un charbon vert à des coûts abordables, disponible à tout moment, et à faible coût dans le contexte de pénurie généralisée de la ressource ligneuse.
Il est question de faire la promotion du produit au grand public et d’encourager l’entreprenariat des jeunes. Les principaux bénéficiaires de cette initiative sont les ménages : femmes, braiseuses et autres corps de métiers.
La production du charbon vert par Géotech se déroule en quatre étapes : collecte de la matière première, carbonisation de la biomasse, pressage manuel et séchage. Une fois le produit disponible, la commercialisation se fait sur le marché local ou au travers de quelques commandes personnelles, qui s’accroissent au fil du temps.
Tout d’abord, il a été nécessaire de procéder à l’identification des zones à forte demande de charbon de bois et de sonder la population sur ses savoirs en ce qui concerne la fabrication de poudre de charbon vert. Ensuite, a été menée une opération de sensibilisation et de promotion du charbon vert. Enfin, vient l’étape de la collecte de la matière première, en l’occurrence la sciure de bois ou la paille.
Une séance de formation interne de quelques membres de l’association et des jeunes volontaires du quartier de Ouro-Labo de Garoua a permis de vulgariser ce procédé de production.
La production du charbon vert par Géotech peut se faire avec des tiges de maïs, de mil et de coton, de coques d’arachide ou de coton et de sciure de bois. Bref, tout résidu organique issu de la biomasse, d’accès facile et disponible en quantité suffisante dans la localité, peut être utilisé. Dans un premier temps, la matière première utilisée est la paille.
La cible est très vaste. Il s’agit des populations de la commune de Garoua 1er et de Guider. La demande en charbon vert de ces populations s’accroît, surtout en saison pluvieuse. De ce fait, toutes les populations de la Bénoué et du Mayo-Louti sont des clients potentiels.
L’initiative vise à développer l’esprit d’entreprenariat auprès des jeunes de Guider et de Garoua, d’autant plus que le sous-emploi est important dans ces localités. A travers l’activité de production de charbon vert, des emplois peuvent être créés ; la lutte pour la protection environnementale est aussi engagée.
L’éducation à l’environnement occupe une place de choix dans les initiatives portée par Géotech car elle est un pilier du développement durable à travers la promotion d’un esprit éco citoyen. Elle s’adresse en priorité aux femmes et aux jeunes, qui sont les principaux acteurs du déboisement des forêts du Nord Cameroun en général, pour des raisons diverses. Les sensibiliser aux risques liés à la coupe abusive et à l’exploitation anarchique des ressources ligneuses et leur proposer des solutions alternatives constituent un leitmotiv.
Le projet n’a bénéficié d’aucun financement externe, les fonds de l’association proviennent des contributions faites par ses membres. Il a permis toutefois d’avoir une visibilité auprès des communes des zones touchées par le projet et quelques services déconcentrés de l’Etat.
Principaux résultats obtenus
En huit mois, le groupe a produit environ 4800 kg de charbon vert, soit 600 kg/mois. Plusieurs difficultés limitent le développement de l’activité, notamment le coût élevé de certaines matières premières, des difficultés de transport de ces matières, un manque de matériel et le défaut d’accompagnement des services sectoriels et déconcentrés de l’Etat. Un accompagnement est donc nécessaire pour la vulgarisation du produit, un renforcement en capacité des membres du groupe, une assistance aux associations et une plus grande implication des services de l’Etat.
L’objectif à terme est de créer une unité de production d’une capacité moyenne de 50 tonnes dans les quatre départements du Nord Cameroun. Actuellement, le projet repose sur une production manuelle, qui atteint à peine une tonne par mois, faute d’appui et de moyens financiers.