Construction de foyers et de fumoirs améliorés

Côte d'Ivoire

2016
ONG locale ou nationale
Côte d'Ivoire

Abidjan

Période de réalisation de l'initiative

du 01/2013 au 12/2015

Description de l'initiative

En Côte d’Ivoire, la superficie boisée est passée de 16 millions à moins de 2 millions d’hectares. Le bois énergie représente un prélèvement annuel de l'ordre de 9 millions de tonnes équivalent bois. Ce taux élevé de prélèvement sur le couvert végétal est dû à plusieurs facteurs, dont l’utilisation des foyers traditionnels (environ 50% de perte d'énergie). Les villages riverains de la lagune connaissent un déboisement massif des dernières reliques de forêts et de mangroves. Pour cultiver le manioc, les arbres sont abattus pour servir de bois énergie pour la cuisson de semoule de manioc (attiéké) et pour le fumage de poissons. Cette situation met en péril les activités des femmes, qui ont en charge la famille. Les sols dénudés s’appauvrissent sous l'effet de l’érosion pluviale.
Le projet qui se réalise dans le village de Bodou, à 53 km d'Abidjan, s'inscrit dans la stratégie nationale de réduction de la consommation de bois énergie, par la promotion de technologies économes en énergie et par la promotion de l’agroforesterie, pour une agriculture « zéro déforestation ». Nous avons été sollicités pour un diagnostic participatif en vue de déterminer des axes de développement du village. Les femmes ont évoqué la pénurie du bois énergie. Nous avons invité des femmes d’un village voisin de Bodou (Ngatty) à présenter leur expérience. Elles ont montré comment elles ont réduit la consommation de bois de près de 50% avec les foyers et fumoirs améliorés, comment elles se sont engagées à planter leurs propres arbres afin de disposer de bois énergie dans leurs champs de manioc, comment ces arbres plantés produisent après quatre ans, du bois énergie, par élagage, et comment les champs sont plus fertiles aujourd’hui. Ainsi, le témoignage de femmes vivant les mêmes réalités et ayant trouvé des solutions d’adaptation à la situation actuelle de déforestation et de pénurie de bois de feu, a permis aux femmes de Bodou de mettre en œuvre ces pratiques. Les femmes ont reboisé plus de 3 km de bord lagunaire en mangrove. Nous avons créé un groupement de 15 femmes leaders, formées en sylviculture d’acacia mangium (arbres à croissance rapide) et de mangrove, et qui savent construire des foyers et fumoirs améliorés. Ces femmes ont formé plus de 50 femmes de cinq villages côtiers aux techniques de sylviculture et de construction de foyers et de fumoirs améliorés. A ce jour, au moins 800 foyers améliorés et 500 fumoirs ont été construits. On estime les plantations d’arbres à croissance rapide et à but énergétique à 25 hectares. Ces arbres sont plantés dans les champs de manioc et autour des habitations ; ils servent de clôture. Grâce à notre stratégie de réplication et de pérennisation du projet, les villages voisins de Bodou sont à l’abri de la pénurie de bois énergie et les reliques de forêt seront restaurées et conservées.

Principaux résultats obtenus

- trois hectares de terres individuelles et collectives sont reboisés en Acacia mangium
- un bord lagunaire est reboisé en mangrove
- les reliques forestières ne sont plus menacées
- les arbres stockent le carbone, participant ainsi à la baisse des émissions de CO2 dans l’atmosphère
- des femmes leaders maîtrisent les techniques de sylviculture et de construction de foyers et fumoirs améliorés.
- impact positif sur les conditions de vie des femmes : très forte réduction des fumées lors de la cuisson de l’attiéké et du fumage du poisson
- amélioration des revenus des femmes
- la boîte à pharmacie du village et les plantes médicinales sont restaurées.
- sur le plan social et psychologique, les femmes ont plus confiance en leurs capacités à s’organiser et à améliorer leurs conditions de vies et elles sont plus respectées par les hommes.