Description de l'initiative
L’Alibori est un département situé au nord-est du Bénin ; il dispose d’un grand cheptel. La transhumance est menacée par les changements climatiques ; elle est devenue une source de conflits entre éleveurs et cultivateurs. Les éleveurs sont parfois contraints au nomadisme, avec un déplacement continuel du cheptel et du groupe humain qui l’accompagne. Les conflits et l’insécurité marquée par les attaques djihadistes exacerbent l’insécurité alimentaire. Ils réduisent les moyens de subsistance déjà fragiles des populations. Pour éviter les conflits entre agriculteurs et éleveurs, ont été créés des couloirs de passage pour le bétail, des aires de pâturage, des points d’eau, des zones d’accueil. Mais cela s’avère insuffisant. A ces difficultés s’ajoutent la disparition des terres de pâturage au profit des champs de coton, l’utilisation abusive des herbicides, la disparition des arbres fourragers nécessaires à l’alimentation du bétail et l’avancée du désert. Pour instaurer un climat de paix, promouvoir l’autosuffisance économique des femmes et la sécurité alimentaire, M. Mama Yarou a créé un dispositif, le Fourrage Vert Hydroponique, capable de produire un tapis fourrager vert, vitaminé, pour les animaux.
L’objectif est de diffuser les appareils FVH dans le milieu rural, en particulier dans les zones les plus arides afin de lutter contre les effets directs des changements climatiques sur les activités agropastorales.
Deux objectifs spécifiques sont visés :
- Mettre fin à la transhumance et au nomadisme des éleveurs et instaurer un climat de paix entre éleveurs et agriculteurs ;
- Accroitre la production du lait, en quantité et en qualité, afin d’assurer l’autosuffisance économique des femmes et la sécurité alimentaire des enfants.
Les 20 bénéficiaires sont des éleveurs et ménages agricoles des zones arides les plus exposés aux changements climatiques, des éleveurs de vaches laitières pour lesquelles l’alimentation est insuffisante, les enfants des agriculteurs et des éleveurs qui succèderont à leurs parents dans ces activités.
L’initiative a consisté à concevoir une machine appelée FVH (Fourrage Vert Hydroponique) qui produit du fourrage vert hydroponique. Le dispositif FVH est une variante de la culture hors-sol ; cette technologie permet de cultiver de jeunes pousses de céréales dans des conditions contrôlées, indépendamment de la disponibilité des sols cultivables et du type de climat.
On obtient un tapis fourrager vert, vitaminé, succulent et frais, prêt à l’utilisation en seulement en une dizaine de jours et qui est entièrement consommé par les animaux (feuilles et racines). La machine FVH produit également des légumes hydroponiques pour l'alimentation des hommes en milieu aride.
Le dispositif recourt ponctuellement à l’énergie solaire : celle-ci sert en cas de surchauffe, afin de stabiliser le taux d’humidité. Il s’agit d’une alternative prometteuse en matière d'adaptation aux changements climatiques et à l'alimentation des hommes et des animaux.
Dans un premier temps, ont été sensibilisés les autorités locales, les éleveurs et les cultivateurs sur la nécessité d’agir ensemble pour éradiquer ou atténuer les effets des changements climatiques dans la communauté. Puis, le public concerné a été sensibilisé à l’intérêt d’utiliser le dispositif FVH pour produire de la nourriture pour les hommes et les animaux en milieu aride.
Des séances de sensibilisation et de formation sur l’utilisation de l’appareil FVH ont été organisées. Un plan d’intégration dans le milieu agropastoral a été défini et exécuté. Un plan de suivi-évaluation a été élaboré et mis en œuvre.
Principaux résultats obtenus
Les résultats sont de plusieurs ordres :
- Le dispositif proposé renforce la résilience des communautés rurales confrontées aux changements climatiques. Il crée un climat tropical humide et rend favorable toute sorte de culture pour l’alimentation.
- Le fourrage vert hydroponique respecte l'environnement. Il nécessite seulement de l'eau, ne recourt ni aux pesticides ni aux herbicides et ne nécessite aucun traitement.
- Il permet aux sols de se régénérer.
- Il permet aux éleveurs de disposer d’une alimentation vitaminée. Cette innovation est la première en Afrique à produire la luzerne, la reine des plantes fourragère du monde.
- Il permet d’éviter les émissions de gaz à effet de serre.
- Il a des effets positifs sur le développement durable et il est pourvoyeur d’emplois.