Fabrication de bio-insectifuges

Burkina Faso

2021
Association de développement
Burkina Faso

Roumtenga

Période de réalisation de l'initiative

du 04/2019 au 02/2024

Description de l'initiative

Les insecticides sont des produits chimiques utilisés en agriculture pour détruire les ravageurs, les plantes adventices et les agents phytopathogènes. Toutefois l’utilisation de ces insecticides est de plus en plus remise en cause. Difficile de quantifier avec exactitude tous les méfaits des insecticides sur la santé, mais beaucoup de dangers sont déjà connus. Même avec une faible exposition, les insecticides peuvent avoir de graves conséquences sur l'organisme, comme par exemple provoquer l'infertilité masculine, des cancers, mais aussi atteindre gravement les fœtus. Ils peuvent en effet provoquer des avortements spontanés ou de graves malformations fœtales. De nombreux cas d'intoxication aiguë aux pesticides, parfois mortels, ont aussi déjà été décelés en milieu agricole, où l'exposition aux pesticides est la plus importante. Cette remise en cause de l’utilisation des intrants chimiques de synthèse dans le secteur de l’agriculture (pollution, dégradation des terres, intoxication alimentaire, extinction des espèces, etc.) a poussé bon nombre de producteurs vers la recherche d’intrants de synthèse non chimiques, qui respectent les principes d’une agriculture saine, durable et protectrice de l’environnement. A travers l’utilisation de ces bio-intrants, l’on parvient sans difficultés à gérer les ennemis de cultures et à produire des denrées saines et conservables. Aussi les produits qui interviennent dans la préparation de ces bio-intrants sont accessibles, ne coûtent pas cher à l’achat et sont faciles à utiliser. C’est donc dans ce sens que nous avons décidé d’innover en produisant des bio-insectifuges adaptés à tous les usages agricoles.
Le projet de fabrication des bio-insectifuges a deux objectifs. D’abord, un but écologique : il privilégie les systèmes et méthodes de production pérennes, respectueuses de l’environnement naturel. Il a aussi un but économique : il permet, grâce à la vente des bio-insectifuges, de générer des revenus. Aussi l’association envisage-t-elle, dans les années à venir, d’augmenter sa capacité de production afin de pouvoir couvrir la majeure partie du territoire burkinabé.
Ces bio-insectifuges sont destinés aux maraichers, entrepreneurs agricoles, éleveurs ; ils agissent sur les cultures et la désinfection du local.
Les tâches sont réparties de la façon suivante : un gérant est chargé de coordonner l’activité de fabrication, de s’assurer de la qualité du produit, de s’assurer du respect des normes environnementales et de la continuité du projet ; deux employés assurent la préparation du produit et une personne se charge de la promotion, de la distribution du produit, du marketing de l’association. Le test du produit s’effectue dans un jardin aménagé à cet effet.
Pour la préparation de ces bio-insectifuges on a besoin d’1 kg d’ail, d’1 kg de piment, de 100 g de savon local (beurre de karité et potasse de cendre), d’1 l d’huile végétale et de 300 g de feuilles de neem pilées. Le matériel de production est composé de : une marmite de 5 l, un bidon d’1 l, un seau de 10 l avec couverture scellée, un tamis pour filtrer le produit, un bâton, un mortier avec pilon et une paire de gants. Le processus de production est composé de trois solutions : la solution 01 : huile de feuilles de neem ; la solution 02 : solution concentrée de piment, ail et oignon et la solution 03 : mélange de la solution 01 avec la solution 02. Son utilisation consiste à diluer 50 ml avec 16 l d’eau pour traiter 600 m² en culture maraichère, à une fréquence de 15 jours en préventif et 8 jours en curatif. En arboriculture, on dilue 80 ml du produit avec 16 l, aux mêmes fréquences d’utilisation ; la durée de conservation est de 2 ans (en raison du conservateur contenu dans le produit).

Principaux résultats obtenus

L’impact du projet de fabrication des bio-insectifuges est surtout remarquable sous plusieurs aspects.
Sur le plan environnemental, les bio-insectifuges ne polluent pas l’environnement. Ils n’ont pas d’effets secondaires néfastes sur les cultures, le sol, les eaux, et même sur la santé humaine. De plus, le produit ne tue pas les insectes et parasites, mais les éloigne des cultures. Au-delà de son caractère insectifuge, le produit, après 14 jours d’utilisation, enrichit le sol.
Des émissions de gaz à effet de serre sont évitées car le processus de fabrication des bio-insectifuges est athermique, c’est-à-dire qu’il ne dégage pas de gaz à effet de serre.
Au regard des changements climatiques, certains éléments nuisibles, internes et externes, des cultures qui proviennent de ces changements climatiques, tels que la chenille légionnaire, ne peuvent être éradiqués que par les produits bio-insectifuges.
Les bio-insectifuges contribuent à l’activité microbiologique du sol, ce qui facilite la régénération du couvert végétal.
Sur le plan économique, les matières premières qui entrent dans le processus de fabrication des bio-insectifuges sont faciles à trouver et peu coûteuses. Toutes proviennent du terroir.
En ce qui concerne la création d’emplois, la fabrication des bio-insectifuges emploie au moins cinq personnes.