Géolocalisation et suivi spatial des eaux de surface face à la péjoration climatique

Bénin

2017
Jeunes (moins de 35 ans, en individuel ou en groupe)
Bénin

Cotonou

Période de réalisation de l'initiative

du 01/2013 au 12/2015

Description de l'initiative

L’initiative a consisté à exploiter des images radars, qui ont permis une géolocalisation physique et fonctionnelle des ressources en eau au Bénin. Les images satellitaires ont permis d’évaluer la distribution spatiale du réseau hydrographique, des eaux de surfaces, et du gradient altimétrique qui constitue la force naturelle de la cinétique hydrique. L’indice standardisé de Nicholson a permis de cibler les années sèches et humides. La détection des changements spatiaux de la lame d’eau écoulée (1950-2015) est l’outil fondamental utilisé ici pour évaluer la baisse pluviométrique. De plus, les outils de mathématique d’image et de détection des changements spatiaux ont permis d’évaluer et de caractériser les mutations affectées aux ressources en eau à différentes échelles temporelles.
La géolocalisation des parcours de transhumance et de la diversité spécifique des espèces d’oiseaux dans les forêts galeries par zones climatiques ont permis une meilleure révélation des implications de la péjoration pluviométrique au Bénin. Ces données ont été par la suite interpolées par zone climatique. Les enquêtes de terrain par focus groupe ont permis de mieux appréhender les conflits liés à l’eau entre agriculteurs et éleveurs, ainsi que les méthodes d’adaptation traditionnelles que les populations utilisent.
Les rendements agricoles au Bénin ont connu d’énormes baisses liées à la rareté des pluies et des ressources en eaux de surface ces dernières années. Les flux migratoires à l’échelle nationale ne sont pas écartés de ces préjudices. En effet, grâce à la géolocalisation, on a pu détecter deux gradients migratoires liés au climat et à l’eau au Bénin : le gradient Sud Bénin-Centre_Bénin et celui Centre_Bénin-Nord_Bénin. La rareté de l’eau douce et l’aridité spatiale ont plus d’incidence sur le gradient Centre_Bénin-Nord_Bénin. Cette incidence est majoritairement caractérisée par une baisse généralisée des rendements agricoles, des conflits agropastoraux permanents, des maladies hydriques fréquentes, des flux migratoires à la hausse, des feux de végétation intenses, et une insécurité alimentaire grandissante. Des politiques de veilles stratégiques, de contextualisation, et d’approches intégrées doivent être mises en place pour remédier à ces problèmes et satisfaire les besoins croissants en eau douce des populations face à la péjoration climatique au Bénin.
Sur le terrain, en particulier au Centre et au Nord-Bénin, certaines populations sont obligées de marcher sur des cinquantaines de kilomètres pour avoir accès à de l’eau potable. Certains consomment parfois la boue à la place de l’eau, sans aucun traitement adéquat. La situation la plus délicate est le conflit permanent entre les agriculteurs et les éleveurs pour l’accès à l’eau, ce qui engendre parfois des pertes notables en vies humaines.
Les ressources en eaux souterraines, constituent de nos jours une alternative significative pour pallier la rareté des eaux de surfaces au Bénin. La géolocalisation des ressources en eau au Bénin confirme l’impact réel de la péjoration climatique sur la disponibilité des ressources en eaux de surface. Si aucune mesure n’est prise, d’énormes conséquences sont attendues en matière de sécurité alimentaire, de flux migratoires, de conflits agropastoraux et d’accessibilité à l’eau. Les populations du Centre et du Nord Bénin sont les plus vulnérables à la rareté de l’eau douce en raison de leur climat. Les habitats fauniques sont en pleine disparité spatiale du fait de l’assèchement généralisé des eaux douces continentales au Bénin. Il est urgent d’adopter des stratégies de conservation des ressources en eau pour faire face aux besoins des populations et au réchauffement climatique.

Principaux résultats obtenus

L’eau constitue désormais le premier vecteur par lequel on ressent de nos jours les effets du changement climatique au Bénin. La géomatique environnementale, et particulièrement la géolocalisation, constitue un outil incontournable de diagnostic et de suivi des ressources en eau au Bénin.
Il ressort des différentes investigations et des données géo-localisées que la baisse pluviométrique, la contraction de la saison pluvieuse au Bénin, la réduction du rythme intra-saisonnier des pluies, l’extension temporelle du déficit climatique, et le poids démographique croissant sont les facteurs essentiels qui raréfient l’eau douce au Bénin.
Grâce à la géolocalisation, on a pu détecter que la fragmentation des niches écologiques du centre-Bénin est fortement liée au déficit hydrique des sols, dû à la péjoration climatique.
L’adaptation aux changements climatiques et la gestion intégrée des ressources en eau contraignent à l’exploitation des ressources en eaux souterraines.
La diffusion des résultats issus de cette initiative a permis de conscientiser les décideurs sur les enjeux de l’évolution du climat au Bénin, et d’optimiser la résilience climatique chez plusieurs paysans, qui intègrent désormais le climat dans leur planification.