Description de l'initiative

La survie des populations de la communauté de Dizangue était essentiellement basée sur l’exploitation des ressources halieutiques des lacs et sur le tourisme. Ces populations voyaient affluer des touristes du monde entier à la découverte des lamantins et des tortues vertes, en goûtant la saveur des machoirons (sorte de poissons chats) nains. L’agriculture n’était alors qu’un moyen alternatif de subsistance. Depuis quelques années, le couvert lacustre a été envahi par une plante aquaphile, au caractère hautement reproductif, du nom de Salvinia Molesta. Les équilibres environnementaux, sociaux et culturels de la communauté ont été perturbés : les lacs sont totalement recouverts. Les conséquences en sont graves : l’oxygène est réduit, les poissons suffoquent et la pêche n’est plus rentable, les lamantins meurent ou migrent. Ainsi, le tourisme est en voie de disparition, la pauvreté gagne du terrain et la famine s’installe.
La Réserve de Faune du Lac Ossa, située dans l’arrondissement de Dizangue, est un réservoir important de biodiversité. C’est une aire protégée, gérée principalement pour la conservation.
L’objectif principal de l’initiative est de lutter contre la pollution du lac Ossa en valorisant la Salvinia collectée par des ONG partenaires, en énergie (biogaz). Il s’agit de substituer la source d’énergie de bois qui contribue à la destruction des forêts qui entourent le lac, de donner accès aux agriculteurs à un nouveau type d’intrants et ainsi enrayer et inverser le processus de dégradation des sols grâce à l’utilisation du compost, améliorant ainsi les conditions de vie des populations.
Les bénéficiaires sont 25 familles qui vont devenir autonomes en énergie de chauffage. De plus, 25 planteurs bénéficient de compostières pour produire des engrais organiques pour leurs plantations. Des biodigesteurs ont été distribués à ces populations et un espace vert a été créé pour valoriser le compost produit.
L’idée a été de faire des riverains de cinq villages des acteurs de la lutte contre l’envahissement du lac Ossa. C’est ainsi que des campagnes de sensibilisation et des ateliers de formation aux techniques de valorisation de cette plante ont été organisés durant toute la durée du projet. A la suite des formations, des actions ont été menées pour montrer que cette démarche était à la portée de tous.
Une coordinatrice de l’association, Djouenkou Eva Laure, a su convaincre les populations locales pour qu’elles s’orientent vers une agriculture écologique. Les populations, sous son encadrement, produisent aujourd’hui des biofertilisants à partir de la Salvinia ; les rendements agricoles ont augmenté de 25%. De plus, l’association a formé les populations pour utiliser cette plante envahissante pour la production de biogaz. Le retrait de cette plante du lac permet le retour progressif de la pêche, et le regain de confiance au sein de la communauté car le produit qu’elle a considéré comme une malédiction est désormais utilisé au-delà de la communauté et génère des revenus.
Les principales activités ont été les suivantes : sensibilisation des populations sur les conséquences de l’envahissement du lac par la Salvinia (études, campagnes d’information, évaluation de la prolifération de la Salvinia), valorisation de la Salvinia (production de compost liquide et solide, construction de biodigesteurs, collecte de la Salvinia), promotion d’alternatives à la dégradation des ressources et à l’utilisation du bois énergie des forêts (distribution de biodigesteurs), formation des populations aux techniques de compostage et utilisation du compost et des engrais liquides en agriculture biologique, fabrication des compostières.
Des biodigesteurs domestiques mobiles modèles « Family Dragon » de 1m3 ont été distribués, des compostières artisanales ont été construites, une quantité importante de Salvinia a été extraite du lac et valorisée en compost et en biogaz.

Principaux résultats obtenus

Les résultats obtenus sont de divers ordres :
Sur le plan environnemental :
- 40,5 tonnes de Salvinia Molesta retirées du lac
- environ 2 tonnes de déchets organiques valorisés
- 2 champs expérimentaux alloués à la promotion communautaire de l’agriculture durable
- plus 3 tonnes de carbone séquestrées
- les périodes de reproduction des espèces halieutiques qui vivent dans le lac sont respectées
- la diminution de l’emploi du bois comme ressource énergétique contribue à l’atténuation des changements climatiques
Sur le plan social :
- 132 personnes, dont 82 femmes et 50 jeunes, ont été formées à la production de compost à partir de Salvinia
- 132 personnes ont été formées à la construction des biodigesteurs domestiques mobiles pour la production de biogaz
- 25 agriculteurs sont désormais autonomes en intrants agricoles
- 25 pêcheurs ont retrouvé leur activité en respectant un code de pêche
Sur le plan économique :
- la fabrication des intrants agricoles à partir de Salvinia récupérée a permis de hisser l’agriculture comme activité majeure génératrice de revenus pour les communautés, et cela pour un faible coût
- des associations de jeunes de la communauté ont été créées dans le but de collecter la Salvinia et la mettre à disposition des riverains pour la production de compost et de biogaz