Description de l'initiative

Le bois-énergie demeure incontestablement la principale source d'énergie de cuisson au Tchad. Les forêts subissent des dégradations importantes. Or, le recours à d'autres formes d'énergie est difficile en raison de la pauvreté de la population. Les ménages qui choisissent d'utiliser le bois pour la cuisson des aliments n'ont bien souvent pas accès à d'autres sources d'énergie, coûteuses ou inaccessibles. Dans ce contexte, le projet de production du charbon vert semble être une alternative intéressante.
L'objectif général est de participer à la stabilisation du couvert ligneux en favorisant le renouvellement des ressources forestières par la limitation de la coupe du bois. Celui-ci se décline en objectifs spécifiques :
- produire, en moyenne, 60 kg de charbon vert par jour, et le vendre à plus bas prix que le charbon de bois
- générer des revenus par la création de 18 emplois de charbonniers et d’agents d'assainissement pour le ramassage de déchets biodégradables durant les trois premières années de l’initiative
- améliorer l'assainissement en mettant en place une aire de recyclage des déchets biodégradables et initier un tri entre les matières biodégradables et non-biodégradables
- organiser des formations et sensibiliser la population.
Les bénéficiaires sont les ménages et les professionnels (hôtels, restaurants, points où se préparent les grillades). Cela peut représenter à terme des milliers de personnes. Les clients sont fidélisés grâce aux innovations, aux ateliers de formation, à la création d’une fiche client et à des offres « bonus » tous les trois mois.
La première étape consiste à collecter des résidus de mil ou de maïs ou des déchets domestiques. La collecte s’effectue avec des moto-bennes. Il est important d’avoir accès à une biomasse proche du centre de production du vert et en quantité suffisante tout au long de l'année.
L’étape suivante est la pyrolyse, c’est-à-dire la décomposition thermique de matières organiques en l'absence d'oxygène. Pour l’instant, cette opération se fait de façon artisanale. Les résidus obtenus de la pyrolyse se présentent sous forme de poudre, laquelle est mélangée à un liant : la gomme arabique ou la farine de manioc.
Ensuite, on compacte ce mélange à l’aide d’une presse manuelle. Enfin on fait sécher les briquettes pour diminuer le niveau d'humidité afin d'améliorer la combustion du charbon vert, on emballe et on vend la production.
Les déchets sont collectés par des éboueurs équipés de moto-bennes, en collaboration avec les services de la municipalité. Des bacs en métal, fabriqués localement, ont été distribués aux foyers pour collecter les déchets. KARÖ Enterprise valorise ainsi des résidus urbains biodégradables solides. Cinq charbonniers ont été recrutés et six fours de carbonisation ont été fabriqués. Un site a été construit ; il comprend un magasin, un bureau, un espace clos pour stocker les résidus collectés, un hangar pour la production de briquettes et un autre pour la production de compost. La production de compost est une activité complémentaire à la production de charbon vert. En effet, durant la saison des pluies, les conditions climatiques ne permettent pas de sécher le charbon vert et il est difficile de carboniser la matière première humide. L’activité se concentre sur la production du compost.
La vente s’effectue au porte à porte, dans des check points, sur les marchés, dans des boutiques, par des grossistes/détaillants et dans les centres commerciaux.
En plus, le projet est de remettre aux ménages des foyers améliorés.
Des campagnes de sensibilisation sont menées avec des ONG, via les réseaux sociaux et les medias, et avec le service public du Ministère de l’environnement. Les actions menées sont : la projection d’un film dans les quartiers, le passage d’une caravane, des compétitions. Au cours de la projection du film, KARÖ Enterprise sélectionne un vendeur de charbon vert par quartier. Elle lui offre du charbon pour faire connaître le produit et organise des réunions pour la vente.

Principaux résultats obtenus

L’initiative a un ensemble d’effets positifs :
Sur le plan de l’environnement, le charbon écologique est remplacé progressivement par le charbon de bois ; cela réduit la coupe du bois et contribue au maintien du couvert forestier, essentiel pour la régulation du climat. L’assainissement réalisé par le service de collecte des déchets a permis de réduire les rejets de gaz toxiques dus aux décompositions anaérobies des déchets d’origine organique.
Sur le plan du développement durable, les ménages qui vivent en milieu urbain participent à la bonne gestion des ordures ménagères.
A propos des emplois, 30 emplois de jeunes ont été créés dans la sous-préfecture de Deli, notamment pour la carbonisation de la biomasse. 15 autres emplois, dont 7 pour des femmes, ont été créés à N’Djamena.