Réhabilitation d’anciennes mines d’or

Guinée

2017
de 20 000 à 100 000 habitants / between 20,000 and 100,000
Guinée

Kintinian, Préfecture de Siguiri

Période de réalisation de l'initiative

du 04/2013 au 05/2015

Description de l'initiative

Siguiri est une zone aurifère par excellence, ses réserves exploitables sont évaluées à plus de 59 milliards de tonnes de minerais, avec une forte teneur en or.
Malgré son caractère artisanal, et compte tenu de son intensité élevée, l’orpaillage a eu des effets négatifs considérables sur l’écosystème forestier de Siguiri, écosystème déjà fragilisé par d’autres actions anthropiques et des aspects liés aux changements climatiques.
Les mineurs utilisent des techniques d'exploitation hydrauliques : ils font exploser les rives des rivières, déboisent les forêts des plaines inondables et utilisent des machines lourdes pour mettre à jour les dépôts de graviers qui peuvent contenir de l’or.
La zone où se déroule l’initiative, est une zone sub-sahélienne, pas très riche, en raison notamment de la récurrence des sécheresses qu’a connu la région au cours des dernières décennies. Les conséquences en sont la dégradation des terres de culture et des aires de pâturage, avec pour corollaire la baisse progressive de la productivité agro-sylvo-pastorale. Cela a amené les populations à adopter de nouvelles stratégies de survie afin de subvenir aux besoins des familles : exode des bras valides de la région vers la zone côtière, vente de biens, dégradation des mœurs (vol, mendicité…).
Les femmes, qui représentent plus de la moitié de la population de Kintinian, sont les premières à subir les conséquences négatives de cette situation. L’exode ne pouvant être une solution pour elles, elles deviennent très vulnérables.
C’est dans ce contexte qu’une initiative de récupération de terres dégradées et leur mise en valeur a été prise. Elle est le fruit d’une large concertation entre la communauté rurale de Kintinian et le Réseau Guinéen des Zones Humides (REGUIZOH). Elle a été conduite pour permettre aux populations riveraines d’obtenir des revenus supplémentaires et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie socio-économiques des populations en général, et des couches vulnérables en particulier, et pour augmenter la résilience des populations face aux changements climatiques.
L’objectif est de restaurer le capital productif et le cadre de vie des populations de Kintinian en vue d’augmenter la production agro forestière.
Cette initiative a permis de:
- remblayer des puits de 20 m de profondeur de moyenne et 0,90 m de diamètre, ce qui représente 12m3 par puits ;
- promouvoir la culture vivrière (riz, maïs, poids d’angol) et celle des légumineuses qui entrent dans l’alimentation traditionnelle des populations locales. Cela permet de renforcer la sécurité alimentaire locale en vue d'une sédentarisation des paysans sur leur domaine familial.
- mettre en place sur les terres récupérées des essences forestières à valeur économique et à croissance rapide. Cela constitue une source de revenu supplémentaire pour des populations, exposées à la sécheresse et expulsées de leurs terres par les orpailleurs.
- protéger les populations et leur bétail des accidents liés à ces puits profonds et à ciel ouvert.
- favoriser l’échange d’expériences entre les différentes organisations impliquées dans cette activité, tant sur la plan local que régional.
- intégrer les activités de gestion des ressources naturelles dans les priorités des riverains du Bouré.
- mettre en place une stratégie de réplication du processus pour d’autres sites miniers.
La création de nouveaux boisements, la reforestation et l’augmentation du couvert végétal en agroforesterie a permis d’augmenter sensiblement le taux de couverture forestière et de réduire le rythme de déforestation. Ainsi, l’augmentation des superficies forestières est corollaire à l’accroissement de stock de carbone sur pied, et par conséquent à l’atténuation du changement climatique. Le projet a aidé les communautés rurales des quatre sites à pratiquer de l’agroforesterie, une pratique qui leur a permis, d’une part, de faire de la sédentarisation agricole au détriment de l’agriculture itinérante sur brulis et, d’autre part, d’améliorer les rendements agricoles et par conséquent les revenus.
Ce projet cadre parfaitement avec les objectifs et stratégies de développement du pays ; il permet de réduire la vulnérabilité des producteurs agricoles face au changement climatique, et d’augmenter la résilience des populations bénéficiaires.

Principaux résultats obtenus

- le remblaiement de 1000 puits de mines traditionnelles
- la mise en valeur de 37 ha de terres dégradées récupérées par un système d’agroforesterie : cultures vivrières (riz, maïs, pois d’angol), essences forestières et maraichage
- reboisement de 8 ha de berges des cours d’eau du site
- renforcement des capacités du comité de gestion mis en place en matière de gestion des ressources en eau, de récupération et de mise en valeur des terres, de techniques sylvicoles
- création d’un micro-climat, nécessaire au retour d’une pluviométrie abondante et d’un régime thermique adouci
- augmentation du débit des cours d’eau ce qui contribue à la mise en place d’un écosystème vivable.