Techniques culturales intégrées aux changements climatiques

Bénin

2016
de 20 000 à 100 000 habitants / between 20,000 and 100,000
Bénin

Département de l’Atacora

Période de réalisation de l'initiative

du 10/2013 au 12/2015

Description de l'initiative

Pour le territoire de la commune de Toucountouna, les changements climatiques se manifestent par une réduction des précipitations de 25 à 35% au cours des cinq dernières années, une forte variabilité pluviométrique (inondations/sécheresse), l’accroissement des températures. Ces changements affectent directement la production agricole, dont les rendements ont baissé drastiquement, ce qui entraîne la recrudescence des conflits fonciers jamais enregistrés et l'augmentation du taux d’insécurité alimentaire, dont les enfants de 0 à 5ans et les femmes enceintes et allaitantes sont les premières victimes.
La commune se situe dans la région où le fleuve qui alimente le plus grand parc national du Bénin prend sa source. Les berges de ce fleuve s’assèchent de façon précoce et en saison sèche, et parfois sont inondées par les crues de la rivière et emportent alors tout sur leur passage.
Enfin, ces évolutions ont eu un impact sur l’organisation sociale. Dans la tradition locale, les activités de maraîchage et de production de légumineuses sont laissées aux femmes. Avec la montée d’intérêt pour les bas-fonds et les pénuries d’eau, les femmes ont été écartées de la gestion et de l’utilisation de ces terres humides.
Déclarée zone vulnérable aux effets du changement climatique par une étude du PNUD, la commune a révisé son plan de développement à partir du début de 2013. Les défis à relever ont été analysés et des propositions ont été élaborées, sous forme d’actions d’adaptation au changement climatique.
L’initiative consiste en l’élaboration du Plan Local d’Adaptation aux Changements Climatiques, en partenariat avec le PNUD pour la période de 2015 à 2019. Ce plan détaille les différentes activités à exécuter.
L’objectif général de l’initiative est d’accroître la résilience de la commune aux changements climatiques. Il s’git de réduire l’insécurité alimentaire, d’améliorer la maîtrise de l’eau et du système de production agricole, d’améliorer la gouvernance locale.
Les bénéficiaires finaux sont les ménages agricoles. La commune a adopté une stratégie d'intervention axée sur les acteurs, avec pour sphère d'influence les coopératives agricoles, la cellule «bas-fonds» et les techniciens.
La logique d'intervention adoptée se traduit par la mise en place d’un système agroforestier à partir de l’identification des espèces : ce système présente à la fois une réelle capacité de résilience à la sécheresse, de fortes complémentarités et apporte une valeur nutritive et alimentaire intéressante. Cet écosystème agroforestier est basé sur les cultures associées d’arbres et arbustes (moringa, cajanuscajan), céréales et oléagineux (soja, arachide et fonio), légumineuses, et maraîchage.
La maîtrise de l’eau, à travers la réalisation des diguettes et des ouvrages anti érosifs dans 4 bas-fonds de la commune, permettra le développement des cultures pendant toutes les saisons.
La commune a entrepris également la restauration des berges de la rivière par leur reboisement et l’interdiction de la destruction du couvert végétal.
En outre, l’encouragement à la limitation des usages de bois de feux s’est traduit par la promotion des foyers améliorés et la production des essences à croissance rapide aux fins d’utilisation domestique.
De plus, les coopératives agricoles concernées ont été formées sur les itinéraires techniques pour les spéculations retenues.Les semences améliorées et à cycle court ont été introduites pour la production du riz, du soja, de l’arachide et de certains produits maraîchers. Une des stratégies ici évoquées est le repiquage du riz, qui permet à la fois de pallier les inondations et de rattraper les semis en cas de sécheresse.
Enfin, la création des comités de gestion des bas-fonds a permis de réintégrer les femmes pour l’utilisation et la gestion de ces zones humides recherchées.

Principaux résultats obtenus

- les bas-fonds sont rendus à nouveau utilisables
- de nouveaux revenus ont été générés pour les producteurs
- les conflits d’occupation des zones de bas-fonds ont fortement diminué (ils sont été presque nuls lors de la campagne agricole, qui a débuté en juin 2015)
- de nouvelles habitudes alimentaires apparaissent avec l’utilisation du soja, du moringa et la réintroduction de l’arachide ; les cas de «récupération nutritionnelle» ont fortement diminué
- les pratiques agricoles se sont modifiées avec l’adoption de techniques de culture adaptées aux changements climatiques
- une nouvelle forme de gouvernance agricole s’est mise en place par l’établissement d'un partenariat public-privé (cadre de concertation entre producteurs et administration communale) et la création d’une cellule communale de gestion des bas-fonds
- une meilleure compréhension et une meilleure vision des options de développement et des défis pour l’intégration des changements climatiques, par le gouvernement local, qui reçoit de ce fait l’adhésion des partenaires.