Une forêt communautaire

Togo

2016
Groupement villageois
Togo

Ando-kpomey

Période de réalisation de l'initiative

du 01/1973 au 01/2015

Description de l'initiative

Ando-kpomey, petite ville de la région maritime du sud-ouest du Togo, située à 70 kilomètres de Lomé, a été entièrement détruite par le feu, et cela à deux reprises. Après un incendie dévastateur survenu en 1973, les anciens ont proposé une solution : créer une "ceinture verte", une zone boisée autour du périmètre de vie de la communauté ; celle-ci agit comme un tampon efficace contre les feux de brousse. La proposition a été acceptée ; une forêt communautaire a été créée autour du village, qui couvre une superficie de plus de 100 hectares.
La création d'une ceinture verte s'est appuyée uniquement sur l'initiative locale et les efforts des volontaires. Les familles se sont mobilisées pour réaliser un coupe-feu, une étendue de brousse de 14 m autour de la ville. Au-delà du coupe-feu ils ont planté une étendue d'arbres de 10 mètres. Peu à peu cette ceinture verte a grandi jusqu'à devenir une forêt communautaire dont la profondeur est comprise entre 350 et 850 m autour de la ville.
Afin d'appuyer les efforts de reboisement de la communauté, des pépinières villageoises on été construites, dans lesquelles des arbrisseaux ont été cultivés avant d'être plantés dans le cadre du processus d'expansion forestière annuelle.
Un plan de gestion a permis de distinguer trois micro-zonages : une zone de conservation de 25 ha, une zone forestière de 44 ha et une zone agro-forestière de 33 ha. Les populations ont été formées aux techniques de conservation du sol, au contrôle de l’érosion et au maintien de la fertilité du sol. Des formations ont été dispensées sur les techniques de gestion durable des forêts et des terres ainsi qu’à la maîtrise des technologies liées à la régénération naturelle assistée.

Principaux résultats obtenus

- la forêt communautaire a joué un rôle important dans la création d’un microclimat et, parfois, dans l’augmentation des précipitations.
- la reconstitution du couvert forestier a amélioré la capacité de rétention en eau du sol en favorisant la formation du sol et son fonctionnement.
- la régénération des sols et des écosystèmes dégradés ainsi que l’adoption de pratiques de gestion durable des terres ont représenté des solutions pour contribuer à réduire les quantités de gaz carbonique dans l’atmosphère et limiter le réchauffement climatique.
- la forêt communautaire de plus 100 ha a permis de reconstituer un stock important de carbone .Un avantage imprévu est la titrisation foncière. La ligne d’arbres créée par les limites de la forêt fournit une délimitation claire des terres qui appartiennent à la communauté. Cela a contribué à renforcer la conscience territoriale de groupe, offrant au village une protection foncière contre les accaparements des terres qui sont sources de conflits dans la région.
- la présence du couvert forestier a eu des effets favorables sur la production agricole locale. Les rendements agricoles ont augmenté de 25%, permettant ainsi d’assurer la sécurité alimentaire de la population.
- la présence d'un couvert forestier plus grand a également amélioré la diversité biologique.
- une gestion durable des forêts et une promotion de l’agroforesterie avec des techniques agricoles saines ont pu aider à l’absorption du carbone atmosphérique. Par une adaptation autonome aux changements climatiques, les mesures mises en œuvre par la communauté d’Ando-kpomey a permis d’atténuer les effets négatifs de ces changements climatiques.
Le modèle de la forêt d’Ando-kpomey a été promu via des visites pédagogiques, des échanges entre pairs ou encore des ateliers de sensibilisation. Ce modèle de forêt communautaire a été adopté par cinq communautés de la région.