Valorisation agricole des boues de vidanges

Togo

2018
de 20 000 à 100 000 habitants / between 20,000 and 100,000
Togo

Aneho

Période de réalisation de l'initiative

du 08/2016 au 12/2016

Description de l'initiative

La Commune d’Aného est confrontée à la gestion des eaux usées et des excréta. En effet, en l’absence d’un système de « tout à l’égout », les excréta sont recueillis dans des dispositifs d’assainissement autonomes (latrines traditionnelles, fosses septiques) installés dans les habitations. Ces installations, une fois remplies, sont vidées de manière traditionnelle et manuelle et les boues sont soit enfouies dans le sol ou directement déversées dans les rues au sein même des quartiers. Face à cette situation la mise en place d’un service d’assainissement et surtout la recherche des voies et moyens pour gérer scientifiquement les boues de vidange produites par les ouvrages d’assainissement autonome est devenue une nécessité pour la commune.
L’objectif global de l’initiative est de contribuer à l’atteinte de l’objectif de développement durable n°6.2 défini par les Nations Unis « Assurer à tous un accès équitable à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats ».
Il se décline en objectifs spécifiques :
- minimiser les quantités de gaz à effet émis par les boues de vidange ;
- assurer à la population d’Aného un environnement sain ;
- promouvoir une agriculture durable,
Les bénéficiaires du projet sont les populations de la commune d’Aného et au-delà la population du Togo dans un esprit de réplication de l’initiative.
Un Service Public d’Assainissement Non Collectif (SPANC) a été créé à travers la coopération décentralisée avec le Département des Yvelines (CG 78). Une réflexion sur le volet traitement des matières de vidanges a été menée avec l’ONG française Aquassistance. A l’issue de cette réflexion, la technique « valorisation par l’épandage agricole des boues » a été retenue comme principale solution car la plus compatible avec les contraintes sanitaires, environnementales et économiques du contexte togolais. L’intérêt de cette technique est de mettre fin au dépotage sauvage qui est non seulement une source potentielle d’émission de gaz à effet de serre comme le Protoxyde d’azote (N2O) et le méthane (CH4), mais aussi une source de pollution des eaux souterraines et de surface. Or, la valorisation des boues en agriculture, avec enfouissement, permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
C’est ainsi qu’une expérimentation a été menée avec l’appui de l’université de Lomé, d’août à décembre 2016. Elle a consisté à épandre des boues de vidange sur des parcelles agricoles et à y pratiquer la culture de maïs afin d’évaluer les impacts environnementaux et sanitaires.
La méthodologie a consisté à démontrer l’innocuité des boues et à déterminer une dose d’épandage, mettre en place les parcelles de culture et évaluer les impacts environnementaux et sanitaires de l’expérimentation.
Plusieurs activités ont été menées dans le cadre de l’initiative : information et sensibilisation des populations et des autorités locales, identification et échantillonnage des fosses à vider, préparation du sol ; prélèvement et analyse pré-épandage des échantillons de boues, de sol et des eaux de puits riverains du site.
Une fois ces opérations effectuées, il a été procédé à la vidange des fosses, à l’épandage et à l’enfouissement des boues suivi du labour, du semis et de l’entretien des cultures. A la fin de l’expérimentation, des analyses ont été effectuées, celles du sol, de l’eau des puits, des productions récoltées et de végétaux.

Principaux résultats obtenus

Les impacts positifs du projet de valorisation de boues de vidanges dans la commune d’Aného, au regard du changement climatique, concernent essentiellement les économies réalisées sur les émissions de gaz à effet de serre notamment celles du méthane. Sur la base de 55 m3 (qui correspondent à 3460 kg de matière sèche et 1764 kg de matière organique) de boues de vidanges valorisables par épandage agricole par hectare, les estimations en terme d’émissions de méthane sont de 207,51 t, soit 5810,28 t éq. CO2 par an.
Les analyses post épandage, ont montré que l’expérimentation n’a pas généré de pollution au niveau de l’eau des puits, du sol et de la végétation. Et l’autre volet positif est que l’épandage des boues de vidanges constitue un bon moyen d’amendement et de fertilisation des sols si cela est fait de façon précautionneuse.